jeudi 19 juin 2008

Yes Tunisia "CAN"




A chaque fois que la Tunisie participe à une compétition continentale ou internationale, les observateurs n’en font presque jamais un favori. Petit pays par la taille et par les ressources, sauf humaines bien sûr, son halo médiatique est souvent en deçà de son potentiel réel.

Comme peut le suggérer le titre, l’équipe nationale tunisienne, et nos athlètes en général, sont souvent assez peu considérés. Ceci n’a pas empêché pour autant nos équipes phares et nos athlètes de se frayer régulièrement une place au soleil.

Personne ne peut ignorer que notre équipe nationale s’est faite écartée (non écartelée) après un match d’une grande intensité face à une équipe camerounaise de classe internationale. Mais force est de constater que les tunisiens, pour peu qu’ils y mettent le cœur et déploient sans complexes leurs qualités et talents, finissent toujours par tenir la dragée haute à des adversaires supposés leur être supérieurs.

En pensant à cette dernière participation de la sélection tunisienne à la CAN 2008, un parallèle avec notre réalité politique m’est imposée. Jouant «petits bras», défensive attentiste et prudente à l’excès, elle ressemble goutte pour goutte à la scène politique locale. Observons ces schémas rigoristes dessinés par une direction encastrée dans un dogme conservateur brimant à tour de «petits bras» des volontés et des énergies aux potentialités immenses.

La Tunisie, petit pays par la dimension géographique mais à la civilisation trois fois millénaires, première nation arabe à se doter d’une constitution, pionnière dans la libération de la femme, très tôt installée dans le réformisme moderniste, ne peut plus se permettre de rester dans cette situation politique où le statut quo concourt à l’immobilisme et parfois même à la régression.

Après un peu plus de 50 ans d’indépendance et d’installation de la République, le paysage politique, ponctué par des cycles de dures répressions et de timides ouvertures, est resté fidèle à lui-même pour ne pas dire figé. Notre vécu médiatique est un désert ou l’Etat, par des doses homéopathiques, concède de temps à autre et pour quelques élus uniquement, quelques espaces de liberté d’expression. Que d’acquis crieraient certains : une représentation nationale condamnée au statut de chambre d’enregistrement, des partis politiques qui, pour les plus critiques d’entre eux, demeurent étroitement surveillés et privés d’espaces d’action. Encore, des associations bâillonnées, une université où les libertés académiques se réduisent aux besoins physiologiques. Enfin, un paysage culturel où les esprits les plus inventifs et les plus libres sont privés des fonds publics destinés à la création et fréquemment sujets à une censure presque systématique, si l’autocensure les épargne.

Du point de vue de sa réalité politique, notre pays est à l’image de sa sélection nationale de football. Le sentiment qui prédomine est toujours celui d’un gâchis énorme. Un potentiel de très grande qualité mais sanglé dans le plus serré des corsets.

Pour nos dirigeants au pouvoir tout comme pour nos futurs sélectionneurs, libérez donc les énergies, laissez émerger le meilleur de nos talents, faites jouer la saine concurrence, croyez dans l’inventivité, l’imagination et la créativité de nos citoyens, qu’ils soient chaussés de crampons ou de crayons pour créer, étonner et même revendiquer… En un mot, donnez à ce pays et à ces enfants des rafales d’air libre pour qu’ils s’envolent et vous verrez, vous en serez les plus épatés. Comme dirait Aabou Kacem Echabbi, s’il était encore en vie, dans la langue de shaekspear «yes tunisa can" ……..wa la boda an yastajiba el kadar».

Article publié par Mehdi sur les collonnes d'Ettariq-aljadid fevrier 2008

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