jeudi 24 juillet 2008

Sarkozy et la petite reine ( ou le tour de france du ptit nicolas)


Sarkozy et Richard


« Sarkozy vainqueur d’étape ». C’est ainsi que l’équipe de « c dans l’air », diffusée sur France 5, avait choisi d’intituler l’émission du 14 juillet dernier ; clin d’œil à l’amour du président français pour le cyclisme. Souvenons nous, deux mois et des poussières à peine après avoir été élu, il n’a pas hésité à suivre la majeure partie d’une grande étape de montagne.

Ami de Richard Virenque, le premier des français n’est pas sans rappeler ce coureur très apprécié dans l’hexagone mais à la réputation fort controversée. « Cœur de lion » pour certains et « Champion de la seringue » pour d’autres, Richard Virenque, ce baroudeur souvent calé sur un grand braquet, n’hésite point à dévaler les pentes les plus abruptes. Ne craignant jamais la fringale, il y va de tout son cœur, faisant fi des règles tactiques rigoureuses du monde du cyclisme, sport collectif et tactique s’il en est.
De même, Nicolas Sarkozy, tête basse et cœur vaillant s’en va toujours au charbon, tenter et retenter, encore et toujours. Un pur puncheur, comme la France en fabrique beaucoup. Cela fera t-il de lui un grand leader, de la stature d’un François Mitterrand qui 14 ans durant régna en monarque ou d’un Jaques Chirac bousculé certes mais douze ans tout même au sommet de l’Etat ?


Un champion est né

A l’origine de son accession à la magistrature suprême, une ténacité impressionnante et un culot monstre. Enfant « terrible » et « chéri » de la « Chiraquie », il gravit les échelons vers les plus hautes responsabilité de l’Etat et de sa famille politique. Après avoir ravi au nez de Charles Pasqua la mairie de Neuilly, posé ses marques dans le conseil général des hauts de seine et pris du galon dans la machine RPR, il fit, au bénéfice de la 2ème cohabitation de 1993, son entrée au gouvernement comme ministre du budget. Le 13 mai 1993, grâce à la prise d’otage d’une maternelle de Neuilly par un détraqué, la France allait découvrir un maire étonnement courageux et habile négociateur. Ce jour là un talent était né.

Chutes, gamelles et gros bobos

Du fait d’un ralliement fort opportuniste au « balladurisme », dopé à l’époque par la force sondagière et finalement battu au premier tour des élections présidentielles de 1995, l’ambitieux Sarkozy allait payer chèrement sa « traitrise ».

Tout l’édifice et les ambitions du « petit Nicolas » étaient venus à s’effondrer. Une chute lourde comme on en voit souvent dans les descentes des grands cols ou dans les effrayantes arrivés au sprint de la « grande boucle ». Le temps de la disgrâce et du bannissement avait sonné.
Le fidèle lieutenant du camp Balladur était en lambeaux. Coudes, clavicules, genoux, hanches et dos, généralement touchés en cas de chute, étaient mis à rude épreuve. Verdict des commentateurs et spécialistes de la scène politique hexagonale : « Sarko est fichu, définitivement perdu ». Encore une fois, une valeur montante et un réel espoir de grand champion venait de s’écraser sur le terrible mur de la politique clanique.
Réendossant sa robe d’avocat, quelques petites années durant, il traversa en silence le désert que lui infligea le clan chirac. Traité de « Félon » et de « Judas » par les guignols de l’infos, il se trouvait caricaturé dans les postures les plus désobligeantes où ne subsistait de son personnage que mesquinerie et grande aptitude à la trahison. ET POURTANT…

Surmontant la solitude d’un compétiteur miné par ses blessures et forcement délaissé par les grandes écuries de droite qui ne le voyait plus dans aucuns de leurs plans, il revint à la charge à l’occasion des élections européennes. Seconde déconfiture. La liste qu’il présidait reçu une claque retentissante. Nullement défait il retraversa un autre désert celui d’une opinion qui le jugeait à l’époque avec une extrême sévérité.

La renaissance

Ce petit gabarit, au physique de grimpeur de par la taille, de rouleur-sprinteur de par la masse impressionnante des cuisses et des mollets, allait s’avérer dur à la tache, pas facile à distancer lorsque la route se lève et même quand le relief est plus plat.

Dans les cols ou contre la montre et même dans les arrivés massives, l’athlète « Sarko » que rien ne semblait effrayer ni résigner, administra la preuve qu’à la force du jarret et contre toute logique tactique, il revenait avec panache se mêler à la cours des grands.
Avril 2002 devant une France médusé par l’éviction de Lionel Jospin au premier tour, allait sonner le grand retour de Sarkozy. Le voilà numéro deux du gouvernement et ministre de l’intérieur donc chargé par définition de la sécurité, thème fort de la campagne présidentiel et facteur quasi unique de la claque socialiste.

Sur la plus haute marche du podium

Ce retour au premier plan, n’était pas pour satisfaire ce compétiteur hors pair revenu de très loin. Cette fois ci, sa mission n’était pas d’accompagner le leader « Chirac » et le protéger des attaques des équipes adverses. Le super ministre Sarkozy avait en ligne de mire le maillot jaune, ni l’honorifique casaque de maillot à pois, ni le prix de la combativité ne pouvaient désormais le contenter.

Par un véritable hold-up sur l’UMP et contre la volonté de Jacques Chirac qui ne connaissait que trop bien la mainmise d’un homme sur un appareil de la taille de ce grand parti, il devint le « champion de la droite », celui qui allait conserver l’Élysée, Matignon et le palais bourbon.

Maillot jaune sur les Champs-Élysées, il finit par y entrer en vainqueur, non sans avoir rallié toute la « Chiraquie », mordu un grand pan de ce qui restait de l’UDF et comble de la manœuvre intelligente grignoter quelques socialistes au passage.

Mieux que Lance Armstrong, qui sept ans durant n’avait laissé que des miettes à ses adversaires, plus fort que Merckx le cannibale, Sarkozy est dans les yeux de ses partisans un Virenque qui a réussi, un baroudeur solitaire qui n’a pas hésité à attaquer, à prendre des risques, à jouer « perso » quand il le fallait et qui est arrivé à battre à plates coutures tous ses adversaires.
Sarkosy serait-t-il une exception à la règle solidement établie et qui fait que les agités de la pédale, pour volontaires et téméraires qu’ils soient, finissent toujours en véritable « feu de paille» ? Pour ma part, je ne suis pas loin de le penser même si vainqueur sur les Champs ça fait déjà un grand palmarès.

L’après victoire

On le croyait assagi par le poids de la charge qu’il exerce désormais, mais non ! L’attaquant né, devenu leader de « l’équipe gouvernement » et de l’équipe « majorité présidentielle » ne délègue point. Présent sur tout les fronts, ne ratant ni l’escalade d’un col de 1ère catégorie ni le plus petit des sprints pour le maillot vert, l’équipe qui l’entoure et qui est sensée supporter le poids de la course est quasi réduite au chômage technique.
Réformes des institutions, mesures pour le pouvoir d’achat, élections municipales, il a idée sur tout et comble de l’irresponsabilité tel un coureur conspué sur la route du tour, il lui arrive même d’en apostropher quelques uns à coup de « ptit con» et « viens me voir si t’es un homme »…… Tout cela finira sûrement par se faire payer, le revers des municipales et sa cote de popularité qui ne veut pas remonter, en sont à mon avis des signes avant-coureurs.

Cela en ce qui concerne le front interne. Quid maintenant de sa politique étrangère ? En une année de règne sarkozyste, la France est-elle plus respectée et plus influente dans le monde ? Le candidat « Champion des droits de l’homme » a-t-il marqué de son empreinte la planète ? Les jeux olympiques de Pékin, il sera de la tribune présidentielle et de la cérémonie d’ouverture. Ses sermons sur « les pognes » des dictateurs qu’il ne serrera jamais ? Une grosse blague. Et la liste est longue et parlante. Sa politique européenne ? Un départ en fanfare avec l’adoption du traité de Lisbonne, la suite on la connaît… Son grand projet pour la méditerranée ? Fanfaronnerie et des discours grandiloquents que la rugueuse chancelière allemande avait vite fait de calmer. La libération d’Ingrid Betancourt ? Un coup de maître de l’armée colombienne et la validation du choix de fermeté du président « Uribe ».
En un mot beaucoup de bruit pour presque pas grand-chose.

Ce coureur, trop « chien fou » pour le monde de la diplomatie où la discrétion et les manœuvres des coulisses sont des instruments particulièrement prisés, a vite fait par en agacer plus d’uns. De plus, sa tendance à trop vouloir tirer la couverture à lui n’avait pas contribué à arranger les choses.

Et demain ?

Seul le président français est à même de décider de quoi son avenir sera fait. Chassez le naturel il revient au galop ? L’homme Sarkozy a déjà montré qu’il pouvait changer, se montrer collectif et bon compagnon. Personnage intelligent, lui seul pourrait démentir la logique toujours défavorable aux personnages fougueux et individualistes et à la fin souvent chaotique. Wait and see…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

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Anonyme a dit…

Formidaaable... Aurait dit Jack Lang. ça aurait pu être intitulé, sarkozy chute et rechute... ou bien sarkozy pour quand la fringale qui te sera fatale?... Sinon Sarkozy dopé par les sondages, dopé par les medias... Ou bien le tour de france en mini-cycle pour personnes de petite taille, sarko change d'ékipe tout le temps, sarko le pire équipier du monde...Vous aimez trop sarkozy par ici?